Zaï zaï zaï zaï

Ajouter un commentaire

Zaï zaï zaï zaï

Pour découvrir le lien mystérieux qui unit Joe Dassin au nouvel album de Fabcaro, il faudra aller tout au bout de Zaï zaï zaï zaï. Et encore… Empruntée à Siffler sur la colline, l’inénarrable tube du chanteur au sourire si mou, cette avalanche onomatopesque donne le ton. Ici, pas de bergères jolies ni de bouquets d’églantines, mais une suite de péripéties savoureuses et abracadabrantesques. Parce qu’il a oublié sa carte de fidélité en arrivant à la caisse de l’hypermarché, un bon père de famille est soudain précipité dans la clandestinité. Commence alors une course-poursuite, une cavale en zigs et en gags qui s’achève une soixantaine de pages plus tard en Lozère, dans une apothéose médiatique.

Zaï zaï zaï zaï tient de l’exercice de style et du jeu de massacre. Avec un style graphique et une mise en scène qui font penser au blog de Bastien ­Vivès (clin d’oeil ? coup de griffe ?), ­Fabcaro démonte les mécanismes du fait divers et les plonge dans l’absurde pour mieux mettre en évidence les travers de notre société — ou, si l’on préfère, la connerie ambiante. Conversations autour de la machine à café, débilités administratives, inanités télévisuelles, humour à deux balles, petits arrangements journalistiques, hystérie collective… : personne n’est épargné. Rien d’aigre, pourtant, ni de tragique dans cet équarrissage, car le moraliste avance masqué. Dynamiteur talentueux, Fabcaro sait doser au gramme près critique sociale et éclats de rire, décryptages affûtés et trouvailles poétiques. Un vrai bonheur de lecture. — Stéphane Jarno

 

Ed. 6 Pieds sous terre, 72 p., 13 €.

Commandez le livre Zaï zaï zaï zaï

Laisser une réponse