Voyageur malgré lui

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Voyageur malgré lui

Découpé en deux trajets mentaux, un aller et un retour, ce livre est une divagation aérienne sur l’exil sous toutes ses formes. Minh Tran Huy donne à ­entendre plusieurs voix, la sienne, celle de son père né pendant la guerre d’Indochine, mais aussi d’autres murmures éloignés dans le temps et l’espace, émis par un ouvrier gazier français du XIXe siècle ou par une coureuse de fond somalienne préparant les JO de Pékin. Qu’est-ce qui nous lie, qu’est-ce qui nous sépare les uns des autres ? Minh Tran Huy répond avec une belle science du mouvement, glissant d’une conscience à une autre au gré des signes, échos et hasards qui constituent l’héritage que chacun porte en soi.

Elle alterne les confessions à la première personne, paroles d’urgence, ­directes et intenses, et les récits distanciés, fruits de recherches méticuleuses et secrètes. Dans les deux cas, le forage de carapace s’opère en douceur, qua­lité majeure de l’écriture de cette romancière qui élargit sa quête des traces et des origines, entamée dans son si beau roman La Double Vie d’Anna Song. On retrouve ici la même sensibilité aux sons, la même obsession de l’enregistrement pour garder la mémoire de ce qui fut, de ce qui frémit, de ce qui se tut. « J’avais peut-être fini par te transmettre l’instinct du silence », lui confie son père, à la fin de ce voyage intime. L’instinct du silence, voilà ce qui fait le prix de ce livre attentif aux sans-bruit qui tracent des lettres avec leurs corps en fuite, à la recherche de la connaissance d’eux-mêmes.

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