Nouvelle-Guinée, 1943. Enrôlé dans l’armée impériale, le tout jeune Shigeru Mizuki se retrouve au coeur de la guerre du Pacifique. Deuxième volet de l’autobiographie de cet immense mangaka, plusieurs fois récompensé par le festival d’Angoulême, Le Survivant nous plonge dans le quotidien sordide des soldats japonais. Bombardements, malaria, famine, dénuement complet, humiliations et châtiments corporels, chefs incompétents qui ne supportent pas qu’il puisse y avoir des rescapés lors de missions-suicides : depuis Les Sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick, on a rarement vu la guerre ainsi dépeinte, dans toute son horreur et son absurdité.
Au milieu de ce carnage effarant, surnage la figure de Mizuki. Doté d’un appétit d’ogre et dénué de tout sentiment patriotique, porté sur la rêverie, rétif à l’autorité faute d’y comprendre quoi que ce soit, considéré par ses chefs comme un parfait abruti, ce troufion de seconde classe sera pourtant l’un des rares à sortir de cet enfer. Comme si la guerre, qui lui prendra quand même un bras, avait glissé sur ce petit homme accroché à la vie et à ses mystères. Drôle de survivant qui, sans être mystique, relate le plus naturellement du monde des éléments fantastiques, des coïncidences, des faits inexpliqués qui pourraient nous faire croire aux miracles… Si, par souci d’exactitude, Mizuki verse parfois dans le manuel d’histoire, le récit de ses aventures n’a cependant rien perdu de la verve picaresque et savoureuse que nous avons tant appréciée dans NonNonBâ.
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