Valéry. Tenter de vivre

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Valéry. Tenter de vivre

Eté 1906 : ouvrant l’un de ses cahiers, Paul Valéry constate : « Je le refeuillette, retrouvant toujours mes mêmes énigmes, mes solutions sans cesse reprises, réobscurcies, redégagées, seul fil de ma vie, seul culte, seule morale, seul luxe, seul capital, et sans doute placement à fonds perdu. » Entre 1896, quand paraît La Soirée avec M. Teste, et 1917, année de la publication de La Jeune Parque, Valéry traverse une intense période de doute. La plongée dans cette crise intime, « amertume d’être amer », est l’un des axes vibrants du livre que Benoît Peeters consacre à Valéry — qui deviendra sans tarder un académicien très sollicité, professeur au Collège de France, « Bossuet de la IIIe République », comme il s’en amusait lui-même. Scénariste de bande dessinée et auteur de deux biographies, sur Hergé et Jacques Derrida, Benoît Peeters ne cherche pas à riva­liser avec le travail monumental de Michel Jarrety, paru en 2008 chez Fayard — les citations, on le déplore, ne sont même pas ici sourcées en note, ou très arbitrairement. Plus libre et dramatisé, mi-chronologique, mi-thématique, son essai, largement enraciné dans la correspondance avec André Gide et Pierre Louÿs, fait la part belle aux relations séminales que le poète a tissées avec son aîné, Stéphane Mallarmé, et son cadet, André Breton. Et met en scène la tension entre l’exigence de l’intellect et la fragilité du sentiment qui traverse toute sa vie et son oeuvre. A l’évocation de la tombe du poète, ­cachée dans le cimetière marin de Sète, sa ville natale, et recouverte de cette simple mention « à demi effacée » : « Paul Valéry (30 octobre 1871 – 20 juillet 1945) », on se prend à rêver cette épitaphe imaginaire, confiée à Gide : « Je veux être maître chez moi. » — Juliette Cerf

 

Ed. Flammarion 400 p., 23 €.

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