Un printemps 76

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Un printemps 76

Avant d’inviter à la lecture, Vincent Duluc prévient que son deuxième roman atteste d’une « monomanie légèrement évolutive ». Le terrain n’a guère changé, c’est vrai. Le Cinquième Beatles (2014) sondait les profondeurs d’une passion pour le football, l’Angleterre des années 1960 et leur héros singulier, génie, noceur et joueur, George Best, de Manchester. Un printemps 76, atten­tion les filles, emprunte des voies (très) parallèles pour remonter le temps jusqu’aux heures mitigées du foot à la française, celles où un pays tant habitué à perdre s’enflammait pour des presque gagnants, les Verts de Saint-Etienne. L’écriture, non plus, n’a pas changé. Vincent Duluc, qui, à L’Equipe, fait valser les feuillets les jours de match, est animé d’un élan souvent irrésistible pour faire remonter les lointaines émotions d’un adolescent s’épanouissant comme il peut, en périphérie de l’action. Dominique Rocheteau, le chau­dron, Johnny et Sylvie, Taï Phong (!), Patrick Dewaere, les dernières luttes ouvrières… Il y était. Oui, mais où ? Et qu’est-ce que ça dit de lui ? Sur les photos d’un grand soir de match, il cherche son visage au milieu d’une foule qui l’a marqué à jamais et peine tant à s’y trouver qu’il en viendrait à douter de sa propre existence. C’est aussi bien comme ça. Dans un tourbillonnant mélange de tendresse et de dérision, Un printemps 76 joue des flous et des zooms trompeurs de la mémoire pour réinventer la France des années 1970 et lui donner les contours d’une terre de légendes. Le pays de Guy Lux, Monty et Giscard, oui, mais aussi celui où l’on apprend à s’inventer des héros. — Laurent Rigoulet

 

Ed. Stock, 214 p., 18 EUR.

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