Un monde beau, fou et cruel

Ajouter un commentaire

Un monde beau, fou et cruel

Une vache maigre plantée au-dessus de l’autoroute, des grillages, de la poussière sur le bidonville, et la musique de Miles Davis à la radio… Nous sommes au Cap, en 2004, et la liberté arc-en-ciel promise par Mandela n’est qu’un rêve pieux. Ce « monde beau, fou et cruel », que chante Johnny Clegg, reste celui de la violence et d’un racisme qui colle comme de la glu. Voici Jero, jeune métis, poète pour les uns, parasite pour son père, qui astique les voitures en rêvant d’un fils commerçant. Et voilà Jabulani, ancien professeur d’anglais au Zimbabwe, contraint de fuir son pays pour s’être moqué des chemises trop colorées du président Mugabe, devenu clochard au Cap. Quant aux femmes, leur sort est pire : violées et vendues comme domestiques ou prostituées. Dans ce roman-kaléidoscope, Troy Blacklaws donne à voir, à entendre, tantôt rap, tantôt blues. Pour parler des métis qui cherchent leur place, des Blancs qui ­déchantent et des Noirs déboussolés, il refuse une littérature de croisière, secoue la langue, affiche des références cinématographiques — un soupçon de réalisme magique, à la façon des frères Coen ou de Jean-Pierre Jeunet.

Troy Blacklaws a 48 ans, il vit au Luxembourg et a écrit ce roman à Singapour, loin de son pays, pour mieux entendre les murmures et les cris et se souvenir des décors et des parfums. Il en a gardé quelque chose de fugitif, à l’image de ses héros, magnifiquement sensibles, et nous plonge dans une histoire de filiation, de passage à l’âge adulte, d’amitié fusionnelle à travers deux voix qui s’élèvent en « un chant d’amour interminable, viscéral, lancinant pour ce Sud beau, fou et cruel ».

Commandez le livre Un monde beau, fou et cruel

Laisser une réponse