Un été

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Un été

Jeanne et Jean sont sur un bateau. Ils s'aiment et la traversée durera tout un passé. Disons (c'est avec cet impératif que s'ouvre le livre) qu'il y a du tangage dans l'air, et que les lames de fond venues de très loin s'apprêtent à surgir à la surface. Le roman se situe avant la tempête, dans une luminosité suspendue, où mêmes les éléments semblent retenir leur souffle. Sur le voilier, il y a aussi Je, le narrateur, et Lone, un bout de solitude étrangère, qui dort les jambes repliées en L, comme son initiale, quintessence de la féminité. L'exiguïté de l'unité de lieu, nautique et inconfortable, décuple les sens et le besoin d'évasion. Comme dans Les Affinités électives, de Goethe, les couples se font et se défont, les combinaisons sont multiples, traçant des lignes parallèles et des diagonales entre les êtres.

En 2011, Vincent Almendros imposait son écriture opalescente dans son premier roman, Ma chère Lise, sur la mélancolie éthérée des amours adolescentes, où déjà chantait le clapotis de la mer. Il poursuit ici sa quête de transparence, sonde les matières et les objets (chapeaux, casquettes, gilets de sauvetage sont presque des créatures vivan­tes, immobiles), scrute l'étran­geté de la faune (oursins, étoiles de mer, plancton provoquent une stupeur proche du malaise) et parvient à créer un climat tranquillement hypnotique. D'où vient que cet auteur, né en 1978, nourrisse ses romans d'une esthétique très années 1960, puissante et dépouillée ? Dansent sous nos yeux les images de Plein Soleil, de René Clément, et de L'Eclipse, de Michelangelo Antonioni, à la lecture de ce roman aussi limpide que crépusculaire.

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