Un ciel rouge, le matin

Ajouter un commentaire

Un ciel rouge, le matin

Une traque. Qui tient autant du grand western en Cinémascope que du roman épique. De la tragique histoire des pionniers d’Amérique que de la poursuite impitoyable de Jean Valjean par Javert dans Les Misérables. De John Ford que de Hugo, donc. Ou plutôt de Joyce et de la quête grandiose et piteuse de son Ulysse. Car l’auteur – Paul Lynch, 36 ans – est, comme Joyce, irlandais. Et, comme lui, il expérimente à sa façon toutes sortes de langues. Thème plutôt classique, sa chasse à l’homme est surtout matière à lancinants exercices de style et d’écriture. Non seulement l’ex-critique de cinéma sait décrire avec une violence glacée la fuite éperdue de son héros, le métayer Coll Coyle, meurtrier accidentel de son cruel propriétaire ; mais ses descriptions des paysages irlandais, de la traversée de l’Océan jusqu’à l’Amérique, puis des chantiers de Pennsylvanie, où les émigrés meurent de faim et de froid comme des chiens, sont d’une poésie flamboyante, foudroyante. Ce premier roman respire la nature, la matière, les quatre éléments ” eau, terre, feu, air. Tout y frémit, y vit. Y meurt.

En ce début de XIXe siècle romantique, Coll Coyle est en effet hanté par la mort depuis l’enfance, lui qui a vu son père se noyer d’épuisement. Et sans doute la cherche-t-il confusément à travers cette incarnation du mal qu’est Faller, celui qui le talonne sans fin. La folle échappée devient quête de la paix ultime, du repos éternel, malgré l’amour de la femme, des enfants, de la terre d’Irlande. On se souviendra longtemps de la triste ballade de Coll Coyle, ce taiseux mélancolique dont on apprend pas grand-chose au long d’un récit qui brasse pourtant les scènes de bravoure – sur le bateau comme sur le chantier, à travers les forêts et les rivières. Si ce n’est qu’il est force qui va. Anonyme. Comme nous tous. Mais quelle force…

Commandez le livre Un ciel rouge, le matin

Laisser une réponse