Un amour exemplaire

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Un amour exemplaire

L’aristo épousa la cousette et ils vécurent heureux pendant près d’un demi-siècle. C’est comme dans les contes de fées, sauf que le couple en question a tout fait pour saboter les lois du genre. Jean, né marquis de Bozignac, a été déshérité pour avoir fui un mariage arrangé. Germaine Loignon a été rejetée par son père, chiffonnier de son état, au motif qu’elle s’enfuyait avec un « gommeux » complètement fauché. Dès lors, Jean et Germaine ont largué les amarres et vécu à la marge, refusant travail et enfant, avec une rigolarde indifférence au qu’en-dira-t-on. C’est une histoire que Daniel Pennac a suivie en direct quand, gamin, il passait ses vacances chez sa grand-mère et qu’il avait fini par pénétrer, fasciné, chez Jean et Germaine, visiblement restés très proches, très vivants, très romanesques aussi dans sa mémoire. Ils trouvent leur pleine envergure drolatique dans le dessin volubile, véloce de Florence Cestac, dont on sait depuis belle lurette que son art de la caricature avec personnages à « gros nez » cache (à peine) une très enjouée agilité d’esprit. Sur le fil d’un récit gigogne où l’on voit Pennac raconter à Cestac, et le plaisir qu’ils y prennent, virevoltent Jean et Germaine, qui ont ­vécu leur passion en roue libre grâce à un oncle qui laissa en héritage à Jean une belle collection d’éditions originales. La bibliophilie comme petit trésor de guerre à vie de ce couple hors gabarit, ça ne s’invente pas. Ou si peu. C’est tout le charme d’une histoire vraie travaillée à bout portant par des auteurs en connivence avec ces anars de l’amour. — Jean-Claude Loiseau

 

Ed. Dargaud, 64 p., 14,99 €.

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