Le retour d'Ulysse n'a rien d'une marche triomphale. Vingt ans après son départ forcé pour la guerre de Troie, le roi d'Ithaque revient incognito, vieilli, méconnaissable, en guenilles. Il lui faudra du temps, du sang et des larmes pour récupérer son île, Pénélope sa reine et se venger de ceux qui ont voulu lui ravir l'une et l'autre. Si grâce à Hollywood et à Kirk Douglas, tout le monde a en mémoire la fameuse scène de l'arc qu'aucun prétendant ne parvient à bander et le joyeux massacre qui s'ensuit, rares sont les auteurs qui se sont interrogés sur cet « unhappy end ». Jean Harambat nous entraîne dans les coulisses du mythe et tente d'en révéler toute la portée.
Partir loin et longtemps n'a jamais rien d'anodin. C'est mourir un peu, beaucoup, et parfois de façon définitive aux yeux de ceux qu'on a laissés. Comment revenir après tant d'années, si changé, si différent, si étranger ? Comment reprendre le fil, rentrer dans la trame, faire à nouveau partie de la tapisserie de Pénélope ? Escamotée dans la version cinématographique, mais parfaitement narrée dans l'album, la reconquête de la reine est sans doute l'épreuve la plus difficile qu'Ulysse ait à affronter. Pour démêler l'écheveau symbolique des chants homériques, Jean Harambat convoque au fil de son récit quelques grands hellénistes (Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, François Hartog), ainsi qu'une galerie éclectique d'intervenants : Lawrence d'Arabie, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, des bardes serbes, l'écrivain Pierre Michon et de nombreux habitants d'Ithaque. Le résultat ? Un album vivant, original, rhapsodique, à mi-chemin de l'essai et du roman d'aventures, dont on sort avec le sentiment d'avoir fait de jolies rencontres, d'être plus riche, bref, d'avoir, nous aussi, voyagé. Heureux qui comme Ulysse…
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