Tungstène

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Tungstène

Salvador de Bahia. Deux pêcheurs braconnent à la dynamite près de la côte, un vieux militaire à la retraite s’en indigne et oblige un jeune homme à intervenir… Autour d’un fait divers qui ferait à peine trois lignes dans la gazette locale, le dessinateur brésilien Marcello Quintanilha a construit un roman graphique de près de deux cents pages. Dans ce récit choral se croisent, se suivent et s’entremêlent le destin des quatre personnages principaux : M. Ney, le vieil acariâtre ; Keira, une jeune femme au bord de la crise de nerfs ; Richard, l’inspecteur aux méthodes expéditives, et Cajù, vaguement rasta et piètre dealer. Fresque sociale ? Témoignage sur le Brésil con­temporain ? Plongée dans les coulisses de la « capitale de la joie » ? Oui, sans doute, mais Tungstène est avant tout un formidable exercice de narration. Décadrages audacieux, récit syncopé, dynamisme spectaculaire des scènes d’action : dans ce puzzle en noir et blanc, Quintanilha joue habilement avec les codes de la BD franco-belge, des comics, du manga et du cinéma. Il en maîtrise surtout parfaitement le tempo. En passant d’un personnage à l’autre, les récits se chevauchent, se décalent, l’histoire bégaie, crachote, fait marche arrière avant de repartir à tombeau ouvert. Pareil à un DJ, le dessinateur jongle avec les moments suspendus, les répétitions et les coups d’accélérateur, pour le plus grand plaisir du lecteur. Une fois entré dans cette batucada hypnotique, impossible d’en sortir avant d’avoir tourné la dernière page… — Stéphane Jarno

 

Ed. Çà et là, 186 p., 20 €.

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