Tulipe

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Tulipe

La mécanique du strip n’a pas de secret pour elle. Concision, clarté, chute et surprise : sur son blog, Sophie Guerrive actionne avec dextérité les leviers de ses histoires minuscules pour produire du sourire, de la poésie, et même nous faire réfléchir. En cela, l’auteure française s’inscrit dans la tradition américaine de Peanuts, Calvin et Hobbes et plus encore de l’Argentine Mafalda. De grands noms, des ombres écrasantes qui n’empêchent aucunement cette trentenaire d’écrire sa propre musique : un univers modeste, strié de petites hachures, de menues aventures qui se répondent d’une page à l’autre, et des personnages qui auraient acquis une part de doute, un surmoi, une profondeur raisonnable.

Il y a là Violette, l’oiseau impatient, Crocus, le serpent voyageur et hyperactif, Narcisse, le pangolin timide, le caillou dépressif, l’arbre que personne n’entend mais qui n’en pense pas moins, et enfin Tulipe, l’ours dilettante aux accents bouddhistes. Tous s’interrogent sur le sens de la vie, leurs désirs, leurs insatisfactions, l’importance du ciel et des nuages et sur cette chose intangible et complexe qu’ils sentent en eux et qui flotte tout autour, l’amour, toujours l’amour… Pas de longs discours, ni de bluettes, mais des images qui font mouche, des aphorismes lumineux et narquois — « Réjouis-toi, Violette, puisque nous vivons aujourd’hui le paradis inaccessible des générations futures » —, et des dessins dignes des meilleurs Sempé. Sophie Guerrive dessine des haïkus modernes. — Stéphane Jarno

 

Ed. 2024, 158 p., 15 €.

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