Toutes les choses de la vie

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Toutes les choses de la vie

Les absents pèsent lourd chez Kevin Canty. Interrogez RL et June. Chaque été, le 5 juillet, les voilà réunis près de la rivière, avec une bouteille de whisky pour trinquer à la santé de Taylor, disparu depuis onze ans. Taylor, mari de June et meilleur ami de RL, aimait bien ce coin de pêche. L’endroit est resté agréable, avec ses hauts peupliers de Virginie, un peu moins beau peut-être, comme tous les décors du Montana évoqués par ce romancier plus désabusé que nostalgique. June a enfin décidé de tourner la page : « Je ne vais plus faire comme s’il était encore là… » Contrairement aux apparences, Toutes les choses de la vie n’est pas un roman de la seconde chance, mais l’histoire d’une poignée d’hommes et de femmes perdus dans leurs hésitations, leurs fausses espérances et une tendresse infinie pour leur pays. June croit rencontrer quelqu’un, RL renoue avec une ancienne maîtresse, sa fille Layla s’attache à un homme dont elle ignore qu’il n’est pas libre.

Dédaignant la psychologie, refusant le lyrisme, Canty choisit avec soin un détail pour aller au plus juste : la lumière chaude d’une maison au milieu de nulle part, une intonation devenue hésitante, la brusque apparition d’un chien. Au milieu d’un chapitre narratif, il glisse de courts dialogues ou une succession de paragraphes pour contrer net l’émotion. Il joue par séquences cinématographiques puis s’attarde en gros plan sur un nuage blanc effiloché dans un ciel trop bleu. Conteur impressionniste, il semble laisser faire le hasard dans un monde ordinaire et saisit le lecteur par ce mélange d’austérité et d’élégance, qui révèle une construction d’architecte méticuleux dans un monde flottant.

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