Tout paradis n’est pas perdu

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Tout paradis n’est pas perdu

Ces cinquante-deux chroniques, parues dans L’Humanité entre avril et juin 2015, aujourd’hui réunies en recueil, ont permis à Jean Rouaud d’interroger tous les discours actuels sur la laïcité, les contresens que certains véhiculent et les propos pernicieux qui parfois les sous-tendent, en instrumentalisant à des fins électorales un concept déjà centenaire. Suppression du double menu dans les cantines, soupçon sur toute représentation de l’image divine, injonctions de toutes parts à interdire et à congédier sont parmi les symptômes d’une société inquiète jusqu’à la schizophrénie : « En quoi un poing vengeur sur un tee-shirt, demande Rouaud, serait-il plus acceptable qu’en pendentif, une croix, une étoile de David ou une main de Fatma ? »

Mais ce sont aussi ses terres de l’Ouest natales et les souvenirs qui s’y rattachent qui rappellent à l’auteur que, bien qu’essayiste par désir d’embrasser son temps contemporain, il est avant tout romancier quand il évoque les robes noires des curés qui se soulevaient sous les bourrasques venues de la mer ou le paysage religieux qui a entouré son enfance. Dans ces chroniques où les références à Proust, Zola ou George Orwell illustrent le propos, ce n’est ni plus ni moins qu’à un dépoussiérage lucide et courageux de la laïcité qu’invite l’auteur. Une laïcité emprisonnée dans une société qui mise tout sur « l’ici et maintenant et le contentement de ses désirs » et qui, au fond, reproche à la religion ce dont elle est privée : la poésie. — Gilles Heuré

 

Ed. Grasset, 196 p., 17 €.

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