Etats-Unis, années 1940. Fils d’immigrés cantonais, Hank aide son père dans l’épicerie familiale. Mais sa mère, qui supporte mal cette vie terne et laborieuse, a d’autres ambitions pour lui. Elle rêve de gloire, d’exploits et se met en tête d’en faire la Tortue Verte, le premier superhéros chinois. Mais les premiers pas de Hank contre la pègre qui rançonne Chinatown tournent mal… Hommage à l’âge d’or des comics et aux premiers justiciers surpuissants, Superman, Batman, Captain America et consorts, The Shadow Hero joue avec tous les poncifs du genre. Ou comment un garçon timide, marqué par le deuil d’un proche, acquiert soudain des pouvoirs hors du commun et s’en sert pour prendre sa revanche et lutter contre les méchants…
A cette trame archi classique, Gene Luen Yang et Sonny Liew ajoutent cependant une variante : l’identité chinoise du héros. Un domaine ultra sensible dans l’industrie des comics où, jusque récemment, les superhéros étaient, dans leur immense majorité, blancs et américains. Depuis quelques années, les choses bougent et, sous la pression de l’opinion, les studios s’emploient à mettre les minorités ethniques, sociales et même sexuelles en valeur, parfois jusqu’au ridicule. Tel n’est pas le propos de The Shadow Hero. Bibliophiles et grand connaisseurs de la BD américaine, les auteurs ont exhumé un obscur comic paru en 1944, où apparaît pour la première fois la Tortue Verte. Dessinée par un Chinois, Chu Hing, cette série éphémère (dont l’un des cinq épisodes est reproduit en postface) met en scène un héros qui, bien que toujours masqué, semble hurler dans toutes les cases ses origines asiatiques ! Avec The Shadow Hero, Yang et Liew lui ont offert une seconde chance. Un album inspiré, couronné l’an passé par le prix Eisner du meilleur scénario. — Stéphane Jarno
Ed. Urban China, 168 p., 15 €.
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