Terres rares

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Terres rares

Huit ans après Chaos calme (prix Femina étranger 2008), revoici Pietro Paladini, le personnage de Sandro Veronesi — incarné par Nanni Moretti dans l’adaptation au cinéma d’Antonello Grimaldi. Dans Chaos calme, hébété par la mort de sa femme, Paladini passait ses journées dans sa voiture. Terres rares continue de raconter les déboires d’un homme fragile face à l’écroulement de son monde. Cette fois, il doit courir sans cesse : après son associé, son permis de conduire et son ordinateur perdus, mais aussi après sa compagne et sa fille, qui s’éloignent de lui. Chaos calme dépeignait un homme anesthésié ; Terres rares le transforme en fétu de paille, emporté par un tourbillon. Dans ce roman d’apprentissage d’un quinquagénaire désemparé, Sandro Veronesi alterne rire et larmes, comédie et tragédie avec un grand talent de conteur et une certaine cruauté. Il se montre cinglant à l’égard d’une société italienne qui s’arrange avec la loi, adore les voyous et les menteurs. Il y a de la farce dans cette histoire, un goût pour le grotesque, mais également une gravité, et c’est dans le rythme de la phrase que Veronesi parvient à cette fusion. Terres rares séduit sans être vulgaire, émeut en évitant les bassesses car, au sirop de la mélancolie, l’auteur préfère l’élégance du désespoir. — C.F.

 

Terre rare, traduit de l’italien par Dominique Vittoz, éd. Grasset, 464 p., 22 €.

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