Sur Épicure

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Sur Épicure

Que les lecteurs amateurs de philosophie technique passent leur chemin… Dans les deux derniers livres de Marcel Conche, on ne trouvera pas, ou très peu, de termes abstraits tels que « rationalité », « subjectivité » ou « représentation ». Mais à foison des mots concrets comme « châtaigne », « lierre » ou « sève ». Pour ce fils de paysan né en 1922, élevé en Corrèze par sa grand-mère maternelle et « nourri au lait de chèvre », la nature, en effet, est une évidence première. Loin des tonitruantes innovations dues au progrès, c’est dans l’immédiateté englobante et silencieuse de la nature que le monde se déploie.

« Comment un philosophe a-t-il pu surgir des buissons corréziens ? » se demande Marcel Conche d’un air amusé dans son livre de souvenirs Epicure en Corrèze. Rien de plus simple : à l’âge de 6 ans, le penseur en herbe un brin aventurier s’est demandé si le monde continuait après la route qui longeait le pré que son père était en train de faucher…

La fréquentation d’Epicure a fait le reste, dressant le patron d’une vie vécue selon la nature. Conche, qui en est devenu l’un des grands spécialistes, consacre au Grec un nouveau recueil de textes, Sur Epicure — « Le plaisir selon Epicure », « Comment mourir », « Nietzsche et Epicure »… Selon le philosophe antique, seuls les désirs naturels sont dignes d’être assouvis. Les autres, ceux que poursuivent les « insensés », comme le désir de gloire et de richesse, la soif de pouvoir, sont bel et bien vains : « Les mets simples donnent un plaisir égal à celui d’un régime somptueux […] ; et du pain d’orge et de l’eau donnent le plaisir extrême, lorsqu’on les porte à sa bouche en ayant faim », note ainsi Epicure.

D’Epicure, Marcel Conche tient aussi son goût pour le hasard. Ainsi c’est avec le « clinamen », soit l’aléatoire déviation de l’atome dans la physique épicurienne, qu’il explique son entrée au lycée, qui a changé le cours de sa vie, le gouvernement de Vichy ayant modifié le cursus auquel il se préparait. Au lycée de Tulle, Conche rencontre sa ­future femme, Marie-Thérèse, sa professeur de français de quinze ans son aînée — ce qui ne l’a pourtant jamais détourné de son goût pour « les filles un peu sauvages » dicté par Dionysos… — Juliette Cerf

 

Ed. Stock 160 p., 17 €.

Ed. Encre marine 120 p., 15 €.

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