Quel plaisir de reconstituer par bribes l’itinéraire de ce quinquagénaire pétri de nostalgie, ordonnant et désordonnant ses souvenirs pour les mettre dans le pot commun. Souviens-moi, livre-fragments, autoportrait mélancolique, salue forcément Georges Perec, mais, très vite, l’auteur s’en va faire un tour dans sa propre existence, en « apnée mémorielle ».
Il en résulte un ouvrage fait de petits riens, d’éclats de réalité et de nombreux détails qui formeront bientôt un puzzle de quelque cinq cents pièces. Il y a l’anecdote partagée : « De ne pas oublier que l’envie de dérober le petit marteau brise vitre qui trône aux extrémités de chaque wagon SNCF me vient de loin… » ; il y a le fragment familial : « De ne pas oublier que je n’ai jamais osé dire à ma mère de son vivant que mon frère et moi l’avions déjà surprise en train de fumer à la fenêtre de la cuisine… » ; il y a la réflexion sociale, scolaire, littéraire, politique… humoristique souvent, insolente, rageuse, triste parfois. Au bout du compte, ces « souviens-moi » si personnels forment une peinture pointilliste d’un demi-siècle semé de deuils, de blagues écolières et de leçons de vie.
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