Souvenirs d’un autre

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Souvenirs d’un autre

Un homme s’achemine, « désireux de visiter les lieux où s’est passée l’histoire sombre dont personne ne se souvient ». Aucune plaque commémorative à Audierne, dans la Bretagne de son enfance, à l’endroit du camp vichyste, antichambre de la mort pour quelque six cents réfugiés de langue allemande. A Lyon, là où il fit sa médecine, l’oeil bétonné de la cave occulte les tortures qu’y subirent le résistant Jean Moulin et ses compagnons. A Paris, il entre en collision avec ce soldat aveuglé par la folie qu’il avait croisé à Ouargla, en Algérie, durant la guerre qui ne voulait pas dire son nom… Trois récits de nuit et de brouillard, puis un quatrième, lumineux.

Le psychanalyste Jacques Le Dem réussit un premier livre palpitant comme un palimpseste. A l’image des « nuages d’été qui se laissent traverser par une traînée de soleil » qu’aime son promeneur solitaire, sa recherche des mots perdus s’éclaircit et se trouble, va et vient entre le conscient et l’inconscient, le collectif et l’intime, relie les temps et les espaces sans logique et en toute réalité. A chaque pas, la rêverie se fait plus rude et inventive. Et ces Souvenirs d’un autre finissent par manifester contre le déni de tout un peuple, honteux de son histoire. Avec l’inconvenance du poète et le courage du chercheur, l’auteur nous pousse à forcer notre propre cave, pour voir enfin cet autre « gênant » dont nous avons fait un enfer pour nous-même. — Dominique Mathieu-Nazaire

 

Ed. de L’Olivier 96 p., 14 €.

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