Shâb ou la nuit

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Shâb ou la nuit

« Roman », lit-on en petits caractères au-dessous du titre. C’est pourtant le fil de sa propre existence, de son enfance grevée par les silences d’une famille de « conspirateurs taiseux » que déroule Cécile Ladjali. La petite Cécile aux yeux et aux cheveux si sombres, aux origines mystérieuses — de Jeannine/Julie et ­Rabia/Robert, ses parents adop­tifs au passé tourmenté, elle apprendra juste qu’ils sont allés la chercher en Suisse « dans une grande maison » — mais si manifestement différentes de celles de Jeannine, blonde comme une actrice américaine. La Cécile adolescente qui s’applique, à la fureur de Robert, à saboter sa scolarité pour être sûre de rester la « vraie » fille de ses parents privés d’études. Elle sera, heureusement, démasquée à temps par des enseignants plus attentifs que d’autres, et réorientée vers une filière littéraire. Ce sera la voie du salut, la découverte du pouvoir des mots qui sauvent du désespoir, ouvrent les mondes, et la feront « naître une seconde fois ».

Devenue professeur de lettres et écrivain, Cécile, dotée à l’adoption d’un prénom évoquant, étymologiquement parlant, la cécité, découvre à la naissance de son fils le nom que lui avait donné sa mère iranienne avant de l’abandonner : Roshan, « soleil » en persan… Cette mère qui ne voulut ou ne put l’élever, Cécile la rencontrera plus tard, dans une scène de pure comédie. Auparavant, on aura versé avec elle des larmes amères sur les morts précoces de Robert et de Jeannine, disparus avant que les comptes soient soldés et les malentendus dis­sipés. Alors, oui, de ce cheminement de l’obscurité vers la lumière, de cette épopée autobio­gra­phique où la douleur et la colère, mais aussi (surtout) l’amour et la reconnaissance se cueil­lent à fleur de page, Cécile Ladjali a bien fait un roman. Et des plus bou­leversants.

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