Sens dessus dessous

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Sens dessus dessous

Il y a de l’amour à tous les étages chez Milena Agus. Tout en haut, chez les Johnson, comme tout en bas, chez la modeste Anna et sa fille un peu farouche. Et même entre les deux, du côté d’Alice, la narratrice, qui collecte les informations pour en faire de la pâte à fiction. Passions imaginaires, amours ancillaires, rêveries sentimentales ou réalité sexuelle, on en est tourneboulé, comme « sens dessus dessous », dans ce récit plein de jolies extravagances.

Après Mal de pierres, succès longue durée depuis 2007, récemment adapté au cinéma par Nicole Garcia et présenté à Cannes, voici le nouveau livre de la romancière sarde, qui affectionne Cagliari et sa population fantasque. Dans l’immeuble cossu qui est le décor de Sens dessus dessous, on rejoue la commedia dell’arte dans la cage d’escalier. Monsieur Johnson, septuagénaire et violoniste virtuose, a la plus belle vue sur la mer et le port. De loin, il porte beau, mais, de plus près, il paraît vaguement négligé, ses poches sont déchirées et il ne sent pas la rose. Ces détails font flancher la charmante Anna, facilement amoureuse du fond de son entresol privé de lumière. Un jour cuisinière, un autre chanteuse, Anna est désormais femme de ménage et couturière pour les beaux yeux du musicien. Quant à Alice — père suicidé et mère cinglée —, elle tient une place discrète dans ce groupe de doux dingues qui refusent de vivre comme les autres.

Alice et ses voisins ont choisi les cartes de la famille Saugrenue et s’y sentent comme des coqs en pâte. Mais le charme de Milena Agus est toujours teinté de mélancolie, de blessures familiales et de peines de coeur. Pour soigner les misères de l’existence, elle a son remède miracle, révélé par Anna : « Devant la mer, tout paraît plus léger, chaque problème arrive avec les vagues qui le remportent en se retirant. » En tout cas, dans l’immeuble de Cagliari, près de la plage du Poetto, c’est ainsi qu’on voit les choses — Christine Ferniot

 

Sottosopra, traduit de l’italien par Marianne Faurobert, éd. Liana Levi, 160 p., 15 €.

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