Sandro Veronesi, la voix de l’Italie profonde

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Tandis que Sandro Veronesi publie Terrain vague aux éditions Grasset, le magazine L’Express fait l’éloge de l’auteur pour son livre Chaos calme, paru récemment au Livre de Poche :

Sandro Veronesi, c’est la voix de l’Italie profonde, la bande-son d’un monde qui pourrait sortir d’un film de Pasolini. Né en Toscane en 1959, il a fait des études d’architecture avant de se frotter à la poésie et au roman. En France, il est entré sur la pointe des pieds (deux livres publiés chez Laffont et chez Plon) et il s’est vraiment imposé avec le remarquable Chaos calme, confessions beckettiennes d’un quadragénaire frappé de plein fouet par la mort de sa femme. Couronné par le prix Femina étranger en 2008, ce roman vient de ressortir au Livre de poche en même temps que Terrain vague, qui réinvente une Italie en guenilles, celle des laissés-pour-compte de la fin des années 1980.

Sans cesse remanié pendant deux décennies, ce roman s’ouvre derrière les murailles d’un orphelinat, Les Chérubins, où les religieuses tabassent volontiers leurs ouailles et où le très étrange père Spartacus rêve de "reconquérir les âmes" en édifiant un sanctuaire qui ressemble au palais du Facteur Cheval. C’est dans ce pénitencier pour enfants perdus qu’a échoué Salvatore, 12 ans, un gamin "venu au monde par erreur". Mais parce que ce petit frère de Gavroche est le roi de la débrouille, il ne tardera pas à s’échapper de l’orphelinat et à se réfugier au Chantier, un no man’s land où s’entassent malfrats et miséreux. Parmi eux, le vieil Omero, un aveugle qui prendra Salvatore sous son aile et le confiera avant de mourir à un autre déclassé, Rase-Mèche, l’ancien taulard… Cette antichambre des enfers croupissant au bord d’une voie ferrée, Veronesi la dépeint en ethnographe.

Son roman est le sombre tableau d’une Italie qui rejouait Les Misérables dans les coulisses de la dolce vita et du boom économique. Mais il y a aussi du Dickens sous la plume de l’auteur de Chaos calme qui, après un livre sur le deuil, signe une chronique sociale précise comme un reportage.
Résumé :

Italie, années 60. Deux mondes différents mais parallèles se font face. D’une part le Chantier, quartier des bas-fonds planté sur un sordide lopin de terre, où les habitants, des laissés pour compte, survivent tant bien que mal en marge du boum économique. C’est dans ce quartier miteux que Salvatore, enfant des rues échappé de l’orphelinat, trouvera refuge et fera la connaissance du vieil Omero, qui lui ouvre sa porte, de Rase-Mèche qui, à la mort du vieil homme, l’initie à ses activités et de Pampa, autre gamin des rues, solitaire et sauvage.

De l’autre côté du chemin : les enfants trouvés de l’orphelinat, placé sous l’autorité du Père Spartacus, ancien missionnaire intégriste qui souhaite ériger, à la gloire de la Sainte Vierge, un sanctuaire fait d’engrenages et de néons, grâce au magot d’un petit malfrat repenti… Entre ces deux mondes, peu de mots. Peu d’échanges. Rien. D’un côté, le progrès, la modernité bourgeoise. De l’autre, les enfants des rues, les laissés pour compte, les victimes. Un roman très beau et d’une grande délicatesse qui ne décevra pas les nombreux lecteurs de Chaos calme.

Chaos calme - Sandro Veronesi
Chaos calme – Sandro Veronesi

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