Rudik, l’autre Noureev

Ajouter un commentaire

Rudik, l’autre Noureev

De la fascination quasi enfantine que suscitent les monstres sacrés… Elle atteint plein coeur le lecteur de Rudik, l’autre Noureev. Comme elle atteignit le psychanalyste même du récit, contacté un beau jour par l’assistante-servante du fabuleux danseur de Saint-Pétersbourg et colérique directeur du Ballet de l’Opéra de Paris de 1983 à 1989… Miné par le sida qui inéluctablement le détruit, l’artiste énigmatique, insaisissable, exige d’abord que le thérapeute l’aide à se battre, à vaincre peut-être la maladie. Il l’envahit mystérieusement de sa souffrance, de sa dépression, et peu à peu l’obsède. Même si, par déontologie freudienne, le psy tente vaguement, vainement, de résister aux caprices de l’étoile soviétique qu’on dit être passée à l’Ouest d’un seul saut ce 16 juin 1961… Comment ne pas succomber à une légende vivante ? Excentrique et démesurée. Mais rongée de solitude, de remords et de chagrin. Noureev (1938-1993) s’est-il jamais remis d’avoir été un enfant battu par son père (la cicatrice à la lèvre), un fils oublié par la mère qu’il avait abandonnée en entrant en dissidence ? Au fil des pages, à travers une psychanalyse étonnante et peu orthodoxe, le patient et le praticien se renvoient en miroir. Pourquoi ce Tristan Feller — derrière lequel se cache l’auteur, lui-même psy et ayant fréquenté le danseur — est-il si troublé ? Si hanté par les blessures du génie inconsolable et à jamais inconsolé ? On ne saura pas vraiment quel écho elles trouvent en lui. En nous. Mais Grimberg sait à merveille partager son envoûtement, sans l’expliquer. Il est des émotions qui ne passent pas par les mots. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Plon 180 p., 16,90 €.

Commandez le livre Rudik, l’autre Noureev

Laisser une réponse