Romans grecs et latins

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Romans grecs et latins

Saurait-on mieux savourer les romans grecs et latins des trois premiers siècles ? Lecteurs modernes rompus aux auda­ces d’écriture, jouirait-on davantage — derrière leurs exercices rhétoriques — de l’étonnante liberté d’écrivains qu’on connaît trop mal ? Emile Zola les méprisait ; Michel Foucault les prit enfin au ­sérieux. On peut s’en régaler désormais grâce à ces sept romans gréco-romains, superbement rassemblés et retraduits, et même nantis de cartes pour suivre les picaresques périples de leurs personnages insensés. Certains parlent à la première personne (dans le Satiricon de ­Pétrone) et explosent déjà les ­notions de genre, de sexe, d’innocence… Si Daph­nis et Chloé, de Longus, inspira les douces pastorales de notre xviie siècle et les nobles discussions sur l’art et la nature, l’initiation amoureuse y est en effet plutôt violente. Deux adolescents y peinent (jusqu’au comique) à trouver les chemins du plaisir au coeur de forêts où règnent rapt, viol… Le roman étant ainsi nommé depuis sa naissance, au Moyen Age, parce qu’il était écrit en langue vulgaire et non en latin, le « roman antique » certes n’existe pas vraiment. Pourtant ces sept fictions hybrides qui conjuguent digressions philosophico-poétiques et parodies, idéalité et sexualité sont sacrément vivantes. Les Grecs y marquent des distances élégantes face au présent, au réel, à l’Histoire ; les Romains empoignent le quotidien et le concret des passions et des pouvoirs. (Re)découvrez Apulée et ses excentriques Métamorphoses, Héliodore et ses flamboyantes Ethiopiques, les excès préshakespeariens d’Achille Tatius. Leurs personnages adolescents sont pleins de désirs, de vitalité. Et si c’étaient les Anciens qui étaient nos modernes ? — Fabienne Pascaud

 

Sous la direction de Romain Brethes et Jean-Philippe Guez. Ed. Les Belles Lettres, 1 296 p., 49 €.

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