Romans 1 : La Route de Los Angeles, Bandini, Demande à la poussière

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Romans 1 : La Route de Los Angeles, Bandini, Demande à la poussière

De deux choses l’une : « Soit l’oeuvre de John Fante (1909-1983) vous est inconnue, soit elle est pour vous inoubliable », ­résumait il y a quelques années le New York Times, présentant à ses lecteurs ce ­romancier et nouvelliste à la postérité non pas en demi-teinte, mais violemment contrastée. La formule vaut aussi pour le lecteur français — même si Fante est sans doute plus célèbre, plus lu en France qu’aux Etats-Unis. Bandini, Mon chien Stupide, Le Vin de la jeunesse, Les Compagnons de la grappe… sont autant de titres qui continuent de vibrer comme des formules sacrées, des sortes de talismans sonores, à l’oreille de ceux qui ont découvert l’écrivain à la fin des années 1980, à la faveur de la publication de son oeuvre traduite chez l’éditeur Christian Bourgois. Des romans, des nouvelles, toujours intensément nourris d’autobiographie, parmi lesquels se détache la présente trilogie, aujourd’hui rassemblée en un seul copieux volume : La Route de Los Angeles, Bandini, Demande à la poussière (1) , une immersion en apnée dans la bruyante et brouillonne épopée familiale des Bandini, un clan récemment déraciné d’Italie, cherchant tant bien que mal à prendre part au fameux rêve américain…

« Mon père était très heureux à ma naissance. Si heureux qu’il s’est saoulé et est resté dans cet état durant toute une ­semaine. Et il a continué ainsi de célébrer ma venue pendant vingt et un ans… » La phrase pourrait être signée Arturo Bandini, narrateur et personnage principal de la saga romanesque qui retrace son apprentissage. Elle figure dans une lettre adressée par John Fante à son mentor, H.L. Mencken, le directeur de la revue American Mercury, qui apporta son soutien à l’écrivain débutant en publiant ses premières nouvelles, au tout début des années 1930. Elles sont jumelles, siamoises même, les destinées de Fante et d’Arturo Bandini : une enfance provinciale — dans le Colorado — et inconfortable, entre un père grand buveur et violent, une mère pétrie de religiosité doloriste ; une jeunesse précaire entre petits boulots et rêves de gloire littéraire ; un départ pour Los Angeles et là, non pas la rencontre avec les anges, mais l’interminable soli­tude, le désarroi, les tâtonnements et les échecs, avant l’accès au succès…

C’est cette fragilité, cette incertitude, cette menace permanente de ­débâcle qui frappent à la (re)lecture du long récit d’apprentissage d’Arturo Bandini que dessine cette trilogie : plus que le savoureux tableau, au réalisme teinté de pittoresque, de l’Amérique des premières décennies du xxe siècle, plus que la truculente et prosaïque geste d’une tribu à jamais marquée par l’exil, l’aveu d’une vulnérabilité constitutive. Un aveu d’autant plus poignant que toujours murmuré, comme à contrecœur.

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