Romance viennoise

Ajouter un commentaire

Romance viennoise

Né en 1891 dans un village de l’actuelle Ukraine nommé Satanov, ­David Vogel a toujours tiré le diable par la queue. Ballottée entre Vilnius et Vienne, en passant par la Palestine, la Pologne, Berlin et Paris, son ­existence fut celle d’un homme-éponge, vivant dans le dénuement le plus complet, solitaire et sensible à tout ce qui vibrait autour de lui.

Disparu à Auschwitz en 1944, il a laissé une oeuvre poétique et littéraire en yiddish et en hébreu, redécouverte à la fin des années 1980, où transparaît un réel souci de modernité. En 1931, Vogel avait publiquement affirmé sa volonté de s’éloigner de l’idéologie nationale du peuple juif, déplorant l’absence d’écrivains indépendants de langue hébraïque — lesquels écrivains, selon lui, se contentaient alors pour la plupart de citer la Bible. Inédit et retrouvé il y a deux ans dans les archives de l’association des écrivains hébreux de Tel-Aviv, le roman traduit aujourd’hui frappe par son ardente sensualité.

Inspiré de sa propre aventure de jeunesse avec une femme mariée, et ancré dans une Vienne chatoyante et nauséabonde où chaque rencontre est une promesse d’évasion comme un risque de dépravation, Romance viennoise suit l’éveil sexuel d’un garçon sans le sou, qui s’entiche à la fois d’une quadragénaire frustrée et de sa fille adolescente. Epris de hasard et d’expériences limites, sensible à la noirceur étoilée du quotidien, ce héros aurait plu à Marcel Carné ou à André Breton. Chaque épisode de sa vie a l’envoûtante incertitude des rêves. Chacun de ses élans est dicté par une intuition et une confiance aveugle en la chance, que le destin funeste de l’écrivain rend d’autant plus amère. — Marine Landrot

 

Traduit du manuscrit hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech Ed. de l’Olivier 320 p., 23 €.

Commandez le livre Romance viennoise

Laisser une réponse