Rencontres avec John et Yoko

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Rencontres avec John et Yoko

Qu’y a-t-il de plus frustrant à la lecture d’une interview d’un artiste qui nous passionne ? Le sentiment que l’entretien pourrait continuer bien plus longtemps. Et que peut-il y avoir de plus exaspérant ? Un intervieweur qui se considère aussi génial que son sujet et dont les questions ne cherchent que l’approbation de son interlocuteur, à souligner une complicité. La qualité et le défaut majeurs de l’ouvrage de Jonathan Cott, journaliste musical américain émérite (il a écrit sur Glenn Gould et Leonard Bernstein) et beatlemaniaque avoué, qui a eu le privilège de fréquenter de près John Lennon et Yoko Ono, tiennent dans ces deux points.

Une première rencontre pour Rolling Stone, en 1968, démarre cette ballade de John et Yoko, que Cott a pu observer de plus ou moins près pendant douze ans. Il sera surtout le dernier à rencontrer Lennon, très longuement, quelques jours avant son assassinat, en décembre 1980. Cette ultime interview est le véritable prétexte de cet ouvrage : elle est retranscrite ici pour la première fois dans son intégralité, étoffée de rencontres et d’impressions précédentes, ainsi que d’une conversation récente à Oslo avec Ono, dont Cott, dès son apparition très décriée aux côtés de John (entre racisme et misogynie primaires), s’est toujours fait le plus ardent défenseur. On apprécie le côté échange à bâtons rompus qui fait partager et presque entendre la manière de s’exprimer au naturel de Lennon (entre théorie, candeur et ironie) plus que d’authentiques révélations (rien que tout amateur ne sache déjà). Mais avec la persistante impression que tout cela ne sert qu’à flatter l’ego de Cott lui-même, trop content de montrer qu’il a volé avec les aigles. Fan transi n’hésitant jamais à étaler sa culture comme d’autres la confiture, face à un Lennon, plus honnête que perfide, qui assume ses lacunes, il se pose en confident officiel, satisfait, ignorant tout recul, toute critique. C’est son droit. Le lecteur fan appréciera. Un peu, beaucoup, c’est selon.

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