Remonter la Marne

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Remonter la Marne

Il devait donc remonter la Marne. Et puisque cette rivière, la plus longue de France, a accompagné les guerres napoléoniennes, puis celles de 14-18 et de 1940, le langage militaire peut, un temps, mais un temps seulement, évoquer ce long périple que Jean-Paul Kauffmann a accompli en plusieurs semaines pour suivre, au plus près, ce cours d’eau presque tranquille. Marche sous la pluie, sac au dos, boussole et carte : le soldat pacifique Kauffmann a des allures de sentinelle, observant les alentours, franchissant les obstacles et évaluant les distances à parcourir avant que la nuit ne vienne contrarier la quête d’un gîte où dormir, quitte à ce que ce ne soit qu’une caravane.

Le marcheur n’a pas d’idées préconçues : la Marne est jalonnée de villes et de villages, de champs et de sentiers, mais Kauffmann, toujours un peu frustré de ne pouvoir être flâneur des deux rives en même temps, appréhende la rivière telle qu’elle est vue, sentie et comprise par ceux qui habitent en bordure. Il y a les petits cafés qui entretiennent des allures de guinguette, les périphéries industrielles, les cimenteries sinistres, mais aussi le bonheur de rencontrer le premier champ de colza. Jean-Paul Kauffmann parle avec ceux qu’il rencontre, paysans, trimardeurs — et même un chien, qui le suit un temps. Et s’il a en tête des mots de Ronsard, de Bossuet, de La Fontaine ou de Breton, c’est la Marne qui est sa confidente silencieuse. Ce « fragment de France » que parcourt l’auteur est un bonheur.— Gilles Heuré

 

Ed. Fayard 264 p., 19,50 €.

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