Quattrocento

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Quattrocento

Stephen Greenblatt, honorable professeur de littérature anglaise à l’univer­sité Harvard, prend un malin plaisir à écrire la grande Histoire comme s’il contait la petite : « Un jour, écrit-il, un petit homme affable, vif et malin, frôlant la quarantaine, a vu un très vieux manuscrit sur l’étagère d’une bibliothèque, a compris la portée de sa découverte et ordonné que ce manuscrit soit recopié. C’est tout, mais c’est suffisant. » L’homme dont Greenblatt évoque ici le destin est d’abord un curieux avant d’être un humaniste connu. En cet hiver 1417, donc, Poggio Bracciolini (1380-1459), dit le Pogge, se rend à l’abbaye fortifiée de Fulda, en Allemagne, pour y compulser des manuscrits. Brillant latiniste, cet homme à la graphie si déliée, tenant correspondance avec d’autres humanistes, parcourt l’Europe entière à la recherche de rouleaux et de codex antiques dans les monastères. Il doit déjouer les dangers qui guettent le voyageur, convaincre les bibliothécaires sourcilleux du bien-fondé de sa recherche, effectuer lui-même la copie du manuscrit ou la confier à un moine. Bientôt, il va redécouvrir le De rerum natura (De la nature) de Lucrèce, poème antique dont il apprécie d’emblée la perfection stylistique, mais — il ne peut encore le savoir — qui propa­gera bientôt des visions du monde qui contredisent bien des doctrines alors en vigueur. Secrétaire apostolique de plusieurs papes, dont Jean XXIII (1) , qui sera rayé de la liste des papes avec quelque soixante-dix chefs d’accusation, le Pogge fut aussi au centre de la curie, autant dire au coeur des complots et des intrigues. Aventure humaine et intellectuelle, ce Quattro­cento se lit comme le récit picaresque d’un siècle nouveau, annonciateur d’une Renaissance qui bouleversera toute l’Europe.

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