Pur

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Pur

C’est un roman noir d’une blancheur éclatante. Clinique — acuité des descriptions, phrases millimétrées —, il force le regard jusqu’à l’éblouissement. Et ce dès le prologue, qui s’ouvre sur une phrase empruntée à Laura Kasischke : « Son visage était d’une surprenante beauté. » Le texte l’explore minutieusement à distance, dans une sorte de contemplation qui vire insidieusement lorsque apparaît une goutte de sang à la commissure des lèvres. Toute la force du roman est là, dans cet espace entre littératures noire et blanche, violence du propos et détachement du ton. Peu connu encore, Antoine Chainas est, à 42 ans, un des espoirs de la littérature noire française. Ses premiers romans ont marqué par leur puissance de frappe – et les références ont fleuri : Palahniuk, Cronenberg, Houellebecq. Celui-ci, le septième, montre l’étendue de sa palette et sa capacité à se renouveler. Même si les préoccupations politiques demeurent, Ballard pourrait être la nouvelle référence de ce roman d’anticipation. La ville de demain — Chainas dit s’être inspiré des travaux de Mike Davis —, celle de la ségrégation sociale et de la privatisation de l’espace public, celle où fleurissent ces espaces gardiennés où s’enferment les plus riches. Pur, le titre du roman, renvoie ainsi à un idéal racial ou social et au trajet de plusieurs personnages lancés dans une quête virginale à haut risque. Sans espoir, évidemment.

 

Pur, d’Antoine Chainas Ed. Gallimard, coll. Série noire 320 p., 18,90 €.

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