Price

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Price

Immense est l’attente de ceux qui ont passionnément ancré leurs empreintes digitales dans le carton bouilli de la couverture de Karoo, il y a deux ans. Avec la traduction française de ce roman crépusculaire, sorti de l’oubli, sur l’inexorable chute d’un scénariste des années 1990, « balle perdue dans son époque », Steve Tesich (1942-1996) rencontrait alors une gloire posthume réjouissante. Après avoir fait redécouvrir le chef-d’oeuvre de fin de vie de cet auteur américain d’origine serbe, les fureteuses éditions Monsieur Toussaint Louverture sont remontées aux sources dans sa bibliographie pour exhumer son premier roman, fruit de dix ans de travail. La boucle est bouclée, un grand écrivain est ferré. Brillant, épidermique, désespéré, depuis le début.

Aucune déception à la lecture de Price, poignant roman d’apprentissage sur le renoncement. Price, c’est le patronyme de Daniel, un adolescent qui « fait penser à ces gens dont les habits ont l’air toujours neufs, quoi qu’ils fassent ». A l’âge des possibles, Price découvre qu’il est surtout possible de passer à côté de tout. Steve Tesich regarde le jeune homme tomber, se relever, retomber, se relever à nouveau. D’où vient que ces chutes en série finissent par ressembler à des envols de plus en plus confirmés ? De l’humanité que l’écrivain confère à son personnage, infatigable rêveur aux portes de l’enfance, éponge s’abreuvant de toutes les rencontres, ange de patience élevé par ses échecs. « Jusqu’à quel âge on a encore toute sa vie devant soi ? » lui demande une caissière qui l’a fait fantasmer dans sa jeunesse. Le roman répond que la vie est toujours derrière soi, à côté, en dessous. Il suffit de savoir regarder.

Price est un garçon qui chante à l’intérieur, se cramponnant à une certitude : nos consciences sont des tiroirs à double fond où des multitudes d’existence de rechange sont à disposition. Peu importe que les courroies de transmission familiales soient défaillantes, que les amours adolescentes débouchent sur des impasses, que les santés puissent décliner du jour au lendemain, que les conjonctures confrontent à la misère, chacun trouve toujours comment faire marcher son propre moteur.

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