Prendre Lily

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Prendre Lily

C'est un thriller lent, entêtant, la traque désespérante d'un homme savonnette qui toujours échappe. Le roman ne perd jamais son souffle, le lecteur reste suspendu, cinq cents pages durant, alors qu'il sait d'emblée qui a tué Lily, chez elle, l'assassin abandonnant son cadavre atrocement mutilé dans la baignoire, pour être sûr que ses filles le découvriront en rentrant du collège. Le récit s'attache, pas à pas, à l'enquête lancinante de huit ans, que mène une équipe de policiers anglais. Gordon, l'un d'entre eux, raconte, de plus en plus obsédé par l'affaire, enfermé en lui-même, comme séquestré en compagnie de Lily et bientôt de Gloria, tuée quelques années plus tôt, sans doute par le même homme, en Italie.

L'auteur excelle à rendre le quotidien du travail des enquêteurs, les moments d'exaltation quand ils croient avoir enfin la preuve qui écrasera le coupable, la frustration de ne jamais y parvenir. Le narrateur vieillit. Le monde autour de lui semble englué, les années passent, immobiles, et les secondes, parfois, sont comme des années. Chaque étape franchie ne fait rien progresser, comme un escalier dont les marches se multiplieraient au fur et à mesure qu'on les gravit. Le roman prend alors une autre dimension, on pense au Désert des Tartares, de Dino Buzzati, et l'on se dit qu'au bout du compte c'est la mort qui l'emportera. L'écriture, verte, fiévreuse, sert magnifiquement la voix du narrateur, qui confond parfois justice et vengeance. Au final, rien n'est apaisé.

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