Possédées

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Possédées

D’Alfred de Vigny à Michel de Certeau, les possédées de Loudun auront embrasé l’imaginaire des poètes, philosophes, cinéastes et psychanalystes. On les comprend. Comme elle est théâtrale la mise au bûcher — après tortures sophistiquées — du séduisant et cultivé curé Urbain Grandier… C’était le 18 août 1634. Longtemps soupçonné d’être lié aux protestants, et souvent rappelé à l’ordre pour ses conquêtes, c’est à l’hystérie de quelques faibles ursulines, menées par la très étrange Jeanne des Anges, qu’avait apparemment succombé l’homme de Dieu, accusé d’avoir fait pénétrer le diable dans l’esprit et le corps des religieuses… Sauf que l’affaire de Loudun est surtout affaire d’Etat, marquée du sceau de la raison d’Etat. Tout est bon au cardinal de Richelieu pour affirmer la souveraineté de son roi très catholique. Non seulement raser — partout en France — les châteaux forts qui symbolisaient le pouvoir de l’aristocratie, mais se servir de présumées possessions pour redorer le blason de l’Eglise. « Les vérités avec lesquelles nous gouvernons, monsieur, ne se tiennent pas dans l’intimité muette des consciences. Ce sont des spectacles », murmure l’archevêque à Grandier. Dommage que l’écriture simplette de Frédéric Gros — qui suggère tout cela — se cantonne à un romanesque facile. D’un philosophe spécialiste de Michel Foucault, on espérait plus ambitieux. Au moins réveille-t-il ici une ténébreuse affaire qui n’en finit pas de surprendre et d’inquiéter… — Fabienne Pascaud

 

Ed. Albin Michel, 298 p., 19,50 €.

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