Poissons en eaux troubles

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Poissons en eaux troubles

Etonnant Susumu Katsumata. De ce mangaka disparu en 2007, peu d’oeuvres sont arrivées sous nos latitudes. Sans doute parce que ce dessinateur underground, compagnon de route de la fameuse revue Garo, a laissé peu d’histoires au long cours, préférant les nouvelles, voire les strips, difficilement transposables en français. Après Neige rouge, paru chez Cornélius, voilà donc Poissons en eaux troubles, que l’intrépide éditeur poitevin Le Lézard noir a la riche idée de publier. Riche, car à travers les neuf petites histoires qui composent ce recueil, Katsumata expose trois facettes de son talent. S’il excelle dans l’intime, évoquant sa jeunesse amère et solitaire (« Fantôme de printemps »), cet enfant des campagnes sait aussi enfourcher le langage du conte avec des histoires de kappas, tanukis et autres créatures fantastiques du folklore japonais (« Le soutra du moine Ryôzen »). Improbable trait d’union entre le sublime désabusement d’un Yoshiharu Tsuge et la faconde contagieuse de Shigeru Mizuki…

Mais, actualité oblige, c’est encore avec « Les invisibles du nucléaire » et « Devil fish » que le mangaka nous touche au coeur. Dessinés au début des années 1980, ces récits-reportages, où il narre le quotidien des petites mains du nucléaire chargées du nettoyage et des réparations, n’ont pas pris la moindre ride. Ultra documentées, recoupées avec les propres connaissances de Katsumata, diplômé en physique et spécialiste de l’atome (!), ces nouvelles décrivent le traitement épouvantable réservé à ces vacataires sous-qualifiés et battent en brèche le mythe du contrôle et de l’ultra sécurité. L’histoire, depuis, lui a hélas donné raison.

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