Poison City

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Poison City

Tokyo, 2019. Cette fois, c’est la bonne ! Après des années passées à travailler comme petite main pour d’autres dessinateurs, Mikio voit enfin le bout du tunnel. Dark Walker, son nouveau synopsis, a tapé dans l’oeil d’un gros éditeur de mangas. Mais dès la publication du premier épisode, les ennuis surgissent. Gore, hyperréaliste, cette histoire de zombies subit les foudres de la commission gouvernementale chargée d’évaluer les ouvrages destinés à la jeunesse. Pas question de polluer ces chères têtes blondes avec des « contenus inappropriés », ni de donner une mauvaise image du pays. A moins de deux ans des JO de Tokyo, le Japon tient à présenter son meilleur profil…

Jeux de rôle, épidémies urbaines, réseaux sociaux, nouvelles technologies, abus d’autorité, manipulations : Tetsuya Tsutsui fait son miel de notre quotidien. Ses histoires et ses courtes séries (Duds Hunt, Manhole, Reset, Pro­phecy) s’inspirent toutes d’événements réels à peine romancés. Pas de catas-tro­phisme dans le propos de ce quadra tokyoïte, mais des questions qui font mouche et, entre les lignes, une criti­que acerbe de nos sociétés. Car la volonté de trier le bon grain de l’ivraie, d’« expurger » au nom du bien commun et de la protection des plus faibles, n’est pas l’apanage du Japon. Bienséance, pudibonderie, escamotage des sujets qui fâchent, strict respect des tabous religieux pèsent partout dans le monde sur la création et la liberté d’expression. Tsutsui, dont l’un des mangas figure sur la liste des « ouvrages nocifs » établie par le département de Nagasaki (!), a le bon goût de nous le rappeler et d’exposer en pleine lumière cet engrenage pernicieux qui conduit au silence et à l’autocensure. — Stéphane Jarno

 

Ed. Ki-oon 240 p., 7,90 €.

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