Petits Oiseaux

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Petits Oiseaux

Les volatiles du titre sont deux frères inséparables. Même adultes, après la mort de leurs parents, ils ne quittent pas le nid familial. L'aîné est un saint François d'Assise dont les habitudes effraient le voisinage : depuis l'enfance, il ne parle que la langue des oiseaux, et n'a d'autre vie sociale que l'achat hebdomadaire d'une sucette à la pharmacie du coin. Le cadet chaperonne son grand frère, dont il est le seul à comprendre les borborygmes, et travaille pour deux comme gardien d'une luxueuse propriété.

La Japonaise Yôko Ogawa dissèque la relation ­fusionnelle de ces deux êtres avec son habituelle clairvoyance. Elle fait son miel de leurs bizarreries pour chuchoter son message de toujours : certains vivants, dont elle fait partie, ont des antennes pour capter l'inaudible, l'incompréhensible, l'inconcevable. Ici, ce sont les oiseaux qui communiquent leur savoir, créatures venues de cieux aussi limpides qu'asphyxiants. Même serrés au creux des mains des morts, ils continuent de vivre et de chanter leur supériorité sur les hommes.

Yôko Ogawa avait déjà sondé le mystère du magnétisme animal, triomphant de la bêtise humaine, dans son dernier livre, Le Petit Joueur d'échecs, où un éléphant passait sa vie au dernier étage d'un grand magasin pour distraire les clients. Ici, elle va encore plus loin, et dépeint des hommes-oiseaux en mutation, battant des ailes pour s'évader de leur condition humaine, à côté d'animaux hybrides, gorgés de substances organiques venues des hommes, comme ce grillon dont un vieux monsieur enduit les ailes de sébum de petite fille pour qu'il chante mieux.

Mélange de crudité morbide et de légèreté poétique, l'écriture de Yôko Ogawa brille par sa simplicité, comme celle de Haruki Murakami, son écrivain préféré, dont elle partage l'attachement à un organe : l'oreille, à la fois dotée de capacités hors du commun et révélatrice des fragilités des êtres.

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