C'est trois ans après la mort de Georges Perec qu'a été publié, en 1985, ce Penser/classer, qui figure comme un joyau dans le corpus prodigieusement intelligent, ludique et non conformiste de l'écrivain. « Que me demande-t-on, au juste ? Si je pense avant de classer ? Si je classe avant de penser ? Comment je classe ce que je pense ? Comment je pense quand je veux classer ? » se demande Perec dans le texte éponyme de ce recueil hautement autobiographique, dont chacun des douze chapitres, auparavant des articles parus séparément, relève bien de ce que son ami et exégète Claude Burgelin appelle « une récitation du monde, de ses milliers d'objets et d'images, dans un bonheur constant de l'énumération ou de la simple nomination ». En filigrane, c'est sur la mémoire et l'oubli, « l'exhaustif et l'inachevé », « le besoin de nommer et de réunir sans lequel le monde ("la vie") resterait pour nous sans repères » que médite ici Georges Perec, pénétrant et bouleversant. — Nathalie Crom
Penser/classer, de Georges Perec, éd. Points Essais, 208 p., 7,80 €.
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