Nowhere to run

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Nowhere to run

Alors qu’il mettait, l’an passé, un peu d’ordre dans ses souvenirs, David Bowie a rangé ce Nowhere to run dans la liste des cent livres à côté desquels il ne faudrait passer sous aucun prétexte. C’est un des très rares ouvrages sur la musique choisis par le maître pop londonien, mais ça n’a rien d’étonnant : en plus de conter, avec une grande clarté, l’histoire de la soul noire américaine qui a marabouté, avec lui, des générations de musiciens européens, des Rolling Stones à Etienne Daho, Nowhere to run (dont on attendait la traduction depuis les années 1980 !) est un formidable spécimen de journalisme à l’américaine.

Employée à l’époque par Rolling Stone et le New York Times, Gerri Hirshey s’est lancée dans un reportage au long cours pour retrouver les figures légendaires de l’Amérique noire des années 1960 et 1970 et leur faire décrire, avec un invraisemblable luxe de détails, l’avènement d’une musique qui a voyagé des églises du Sud aux faubourgs de Detroit. Ses rencontres sont inoubliables : entre deux concerts où il se démonte les genoux et flambe dans un lourd costume de gorille, James Brown évoque les temps où il se faisait la voix sur les hymnes religieux au fond d’une prison de Géorgie, s’accompagnant de peignes et de planches à laver (« nous chantions comme des anges ! ») ; l’inénarrable Solomon Burke, expert en animation de funérailles, rappelle pourquoi la couronne de « roi » de la soul était taillée pour lui (et personne d’autre) ; Screamin’ Jay Hawkins reçoit dans son antre vaudou (« N’êtes-vous pas terrifiée de vous retrouver chez le cannibale ? »). Wilson Pickett, Aretha Franklin, Diana Ross, Michael Jackson sont aussi de la fête, et leurs voix se répondent pour brosser la saga très vivante d’un monde en partie disparu.

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