Nous sommes tous des cannibales

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Nous sommes tous des cannibales

Qu’aurait pensé Claude Lévi-Strauss de l’affaire des lasagnes à la viande de cheval ? C’est la question qu’on se pose à la lecture de ces articles que l’anthropologue a consacrés à divers sujets d’actualité pour le quotidien italien La Repubblica, entre 1989 et 2000 (1) . En une décennie où les vaches étaient folles et où les consommateurs se détournèrent de la viande bovine — trop risqué… Tuer des êtres vivants pour s’en nourrir n’a jamais été sans conséquence — philosophique et sanitaire. C’est le lien anthropologique entre alimentation carnivore et cannibalisme que développe Lévi-Strauss dans deux textes passionnants, « Nous sommes tous des cannibales » (1993) et « La leçon de sagesse des vaches folles » (1996). Transmise par les farines d’origine bovine dont on nourrissait les bestiaux, l’épidémie de la vache folle « a donc résulté de leur transformation par l’homme en cannibales ».

Ici, le lointain et le proche ne cessent de se faire écho. Les récents débats autour du mariage pour tous trouvent ainsi un éclairage inespéré dans un article de 1989 sur la procréation assistée. Claude Lévi-Strauss y remarque que les sociétés étudiées par les ethnologues ne connaissent pas le conflit entre parentés biologique et sociale qui nous agite tant : « Les Nuer du Soudan assimilent la femme stérile à un homme ; elle peut donc épouser une femme », et ce couple « formé de deux femmes, et qu’au sens littéral on peut donc appeler homosexuel, recourt à la procréation assistée pour avoir des enfants dont une des femmes sera le père légal, l’autre la mère biologique ». A méditer.

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