Nous serons des héros

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Nous serons des héros

Olivio a appris trop tard, et trop loin, les circonstances de la disparition de son père, mort dans les geôles de Salazar. Il franchissait alors, avec sa mère, cette frontière entre le Portugal et la France qui allait marquer la rupture avec son enfance. Il avait 8 ans. Aujourd’hui, c’est un homme qui se souvient, mais sa voix vibre encore des émotions de l’adolescent, lucide et sensible.

Brigitte Giraud l’écoute, discrète et attentive, et fait surgir d’un texte remarquable de sobriété les chagrins invisibles et les destins inaccomplis d’hommes et de femmes bousculés par l’histoire. Elle dit l’espoir de la mère d’Olivio de reconstruire sa vie en compagnie d’un rapatrié d’Algérie, chacun pleurant un paradis perdu qu’ils ne peuvent partager. Elle raconte l’exil dans la banlieue de Lyon, au début des années 1970, de Portugais, de pieds noirs et d’Algériens entassés dans des immeubles où résonne soudain le mot « ratonnade ». Elle suggère la rencontre entre Olivio et Ahmed. Le récit se construit d’éclats, d’images, de sensations, tout en clairs-obscurs. Brigitte Giraud monte ces séquences au plus court, son regard est aigu mais ne tranche pas. Mélancolique et tendre, la voix d’Olivio déroule ainsi la trajectoire d’un adolescent éternellement décalé, fils d’un héros à la mémoire écrasante. Et qui comprend très tôt que ce père ne sera jamais là où il le cherchera. — Michel Abescat

 

Ed. Stock, 198 p., 17,50 €.

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