Ni dieu ni maître

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Ni dieu ni maître

Trente-trois ans et sept mois et demi de prison, six années d’exil ou de surveillance policière, dix ans et huit mois de résidence forcée. Cela donne la mesure du combat mené par Auguste Blanqui (1805-1881) contre tous les pouvoirs en place, sous tous les régimes. S’il y a gagné un surnom – « l’Enfermé » – dans les parenthèses de liberté, il n’a transigé sur rien : ni sur sa conviction que, seule, l’insurrection armée pouvait mettre à bas la société des puissants, monarchistes et bourgeois dans le même sac, ni sur son irréductible insubordination, en paroles et en actes. Dans la préface de cette ample biographie, Maximilien Le Roy résume : « L’homme a fasciné, ­dérangé, terrifié. » C’est l’exacte impression que donne son scénario : au fil de l’Histoire en marche, en osmose avec elle, et avec en point d’orgue la Commune dont Blanqui fut l’un des inspirateurs, il capte, dans ce personnage tout d’un bloc en apparence, le bouillon­nement d’une pensée sous tension perpétuelle et le clair-obscur d’un caractère hérissé, inflexible. Pas plus que le dessin tout en nerfs, hérissé lui aussi, de Loïc Locatelli Kournwsky ne vise à la reconstitution d’époque exemplaire, l’ample récit de Le Roy ne cherche à ­apprivoiser Blanqui pour mieux « héroïser » son destin. En évitant les rac­courcis rassurants du romanesque, l’hommage rendu en filigrane à un révolutionnaire plus célébré après sa mort que compris de son vivant est, au-delà de l’empathie évidente, parfaitement pertinent.

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