Au Japon, le « shonen » est roi. Destiné aux garçons et jeunes adolescents, ce sous-genre occupe depuis toujours les premières places des palmarès des meilleures ventes de mangas. Certaines séries phares comme Dragon Ball, Naruto et plus encore One piece ont assuré à elles seules, et des années durant, la bonne santé du secteur. Derrière ces locomotives pourtant, pas ou peu de relève : quelques séries à succès, certes, mais sans le souffle ni les ressources nécessaires pour reprendre le flambeau dans la durée. Tous les espoirs des éditeurs nippons reposent désormais sur une poignée de nouveaux titres : L’Attaque des titans, One-punch Man et surtout My hero academia. Septième meilleure vente l’an dernier, avec plus de cinq millions d’exemplaires, ce manga signé Kohei Horikoshi met en scène Izuku, qui rêve de devenir un superhéros. Seul hic, dans ce futur où la plupart des humains naissent avec des facultés hors norme : le garçon n’a pas le moindre pouvoir. Mais la chance sourit aux audacieux et, bien utilisés, le courage et l’intelligence sont plus dévastateurs qu’un gros punch ou un rayon paralysant !
Loin de révolutionner les canons du shonen, qui exaltent l’effort, la persévérance, la compétition, la camaraderie et le dépassement de soi, My hero academia y instille cependant un humour moderne et un enthousiasme contagieux. Jamais avare ni en rebondissements ni en scènes spectaculaires, le scénario n’est pas aussi simplet qu’il y paraît. L’apparition de Stain, le charismatique tueur de héros, pousse soudain le lecteur à s’interroger sur la manipulation de masse et les dessous peu glorieux d’un héroïsme marchandisé. Certes, ce n’est pas encore les Watchmen, mais le glissement sémantique est surprenant et plutôt réussi. — Stéphane Jarno
Traduit du japonais par David Le Quéré, éd. Ki-oon, 7 volumes parus, 190 p., 9,95 € chaque.
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