Morteparole

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Morteparole

On ne sait si c’est pour son langage, violent, charnu, sensuel et poignant, ou pour sa terrible et cruelle histoire d’amitié, de classes sociales, de révolution qu’on s’attache si tendrement, peu à peu, aux relations entre Paul, fils d’ouvrier, brillant élève devenu professeur amer, et son compère Giovan, fils d’immigrés italiens communistes, cancre et gauchiste engagé. Giovan, on l’avait déjà croisé dans des romans de Jean Védrines, 59 ans, tonitruant et discret, passeur à la fois d’une langue tout ensemble populaire et poétique, pleine de la mémoire des peuples et des gens, de leurs histoires. Il est ici le témoin — à la première personne — de l’ascension et de la chute de son ami, il raconte les illusions perdues, les occasions manquées, les ratages inévitables dans une société libérale méprisant la culture, injuste et mor­tifère. De ces rapports tumultueux sur plusieurs décennies, où domine de part et d’autre le verbe de deux milieux, deux traditions, deux professions et deux révoltes — littéraire ou politique —, Védrines a tissé des épisodes grotesques et terribles, enfantins et tragiques, sur fond de bocage normand. Avec toujours la lumière politique de Turin la rouge en ligne de mire… Bizarrement, le récit ne se termine pas franchement. Peut-être parce qu’on n’en a jamais fini avec ses amis et ses souvenirs… — Fabienne Pascaud

 

Ed. Fayard 246 p., 18 €.

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