Mornes Saisons

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Mornes Saisons

Cela commence comme un film de Miyazaki : un couple emménage dans une nouvelle maison. L’homme et la femme sont pleins d’espoir devant cette vie différente qui les attend. La femme, surtout, rêve d’y trouver la liberté de parole et de silence. C’est compter sans les fantômes qui hantent la maison. Comme dans Mon voisin Totoro, la faune et la flore s’animent plus que de raison, pour finir par réconforter les âmes. Les chiens, les grillons, les sauterelles, les rosiers, tous vibrent et déploient leur savante identité. Connu pour avoir fait scandale dans les années 1930 en annonçant publiquement, avec l’écrivain Tanizaki, qu’il épousait la femme de ce dernier, Haruo Satô (1892-1964) n’est jamais sorti de l’ombre en France. Cette belle traduction de son recueil Mornes Saisons devrait réparer cette injustice : le souffle y est coupé – d’angoisse, d’admiration, de recueillement.

Plus élaguée, plus contemporaine, l’écriture de Kawabata (Prix Nobel en 1968) est un nerf à vif, que la traductrice Cécile Sakai a su disséquer au scalpel dans Première Neige sur le mont Fuji, recueil de nouvelles inédites et somptueuses. La troisième, Une rangée d’arbres, trouve l’équilibre parfait entre délicatesse et crudité. Tranchant de bout en bout, le texte parle de la perte, de ce qui s’échappe des êtres vivants : les feuilles des gingkos qui ne tombent que sur la moitié des arbres, le lait qui s’écoule d’un sein maternel, les rognures d’ongles qu’un garçon coupe avec dégoût. Comme toujours chez Kawabata, grand inspirateur de Yoko Ogawa et de Haruki Murakami, le surnaturel infiltre sournoisement le quotidien.

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