Monsieur désire ?

Ajouter un commentaire

Monsieur désire ?

Londres, milieu du xixe siècle. M. Edward a tout. Il est jeune, riche, beau, brillant, sa famille qui appartient à la vieille noblesse britannique est même liée à celle de la toute jeune reine Victoria. Pour vaincre l’ennui d’une existence oisive, « Monsieur » multiplie les conquêtes et se livre à toutes les débauches imaginables dans les boudoirs guindés de Kensington comme dans les plus infâmes lupanars de l’East End. Parce qu’il lui trouve un regard de madone, il fait de Lisbeth, une soubrette sans grâce depuis peu à son service, le témoin privilégié de ses frasques. Mais au fil du temps ce jeu malsain devient une relation singulière, une complicité aux conséquences inattendues…

Dans ce nouvel épisode du match sans fin entre le vice et la vertu, Hubert et Virginie Augustin semblent marcher sur les traces du Divin Marquis tant leur inventaire des perversions du jeune lord exprime autant de fascination que de dégoût. Il y a comme un vertige devant cette volonté de blesser et de s’avilir, ce goût pour l’abîme et les bons mots : leur Edward a le même éclat noir que les dandys d’Oscar Wilde. Pourtant, le vrai ressort de Monsieur désire ? n’est pas là. Hubert, le scénariste en vogue de Miss Pas Touche et des Ogres-Dieux décrit une fois encore une société fermée, où riches et pau­vres sont chacun à leur place. En sourdine ces dernières décennies, où l’on voulait encore croire à l’égalité des chances et à la réussite par le travail, cet intérêt marqué pour la mécanique sociale, les injustices liées à la naissance et à l’argent prend une curieuse résonance avec le monde actuel. Nul doute qu’en BD comme ailleurs, le conflit millénaire entre la plèbe et les patriciens revienne bientôt sous les feux de la rampe. — Stéphane Jarno

 

Ed. Glénat, 118 p., 17,50 €.

Commandez le livre Monsieur désire ?

Laisser une réponse