Mon prochain

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Mon prochain

Gaëlle Obiégly parle d’elle avec un petit g, en faisant un pas de côté, puisque gaëlle, dans le roman, c’est son amie. « Devinez avec qui je suis, avec votre amie gaëlle », lui claironne une personne au téléphone, ce qui est une façon amusante de dire qu’elle est plongée dans le livre que nous sommes aussi en train de parcourir. Le livre de quelqu’un qui bannit les majuscules, parce que personne n’est grand, personne n’est important, ici-bas, tout en bas, dans les cafés, aux guichets d’accueil des entreprises, à la caisse des zoos, en France, en Amérique, en Irlande, laissez-vous emporter, ne cherchez pas de logique. Gaëlle Obiégly est comme ça : joueuse et vertigineuse, tendant des miroirs à tous les passants, s’infiltrant dans les vies des inconnus, regardant les gens manger pour mieux les comprendre, « étonnée d’être au même moment au même endroit qu’eux », criant « le désespoir d’être au monde vainement » que lui donne Internet… Une multitude de révélations illumine le cerveau de cette romancière écrivant comme on jongle, par chassés-croisés, le souffle suspendu. A part, elle ne cherche pas à être unique. Son prochain est son semblable, devant lequel elle s’efface avec grâce, par compassion. Pour contrer le temps qui file de plus en plus vite, elle se tapit au creux des autres, dans ce « trou qui se rebouche, par lequel nous avons surgi, zéro entre deux infinis », et sa vision du monde est d’une netteté impitoyable. Un livre tragi-comique sur le présent, jaillissement de tous les possibles.

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