Mécanismes de survie en milieu hostile

Ajouter un commentaire

Mécanismes de survie en milieu hostile

Le livre commence par un aveu : « Je l'ai abandonnée sur le bas-côté de la route […]. J'ai fourré quelques provisions dans un sac en toile, je l'ai passé sous son bras. Elle a gémi, elle a ouvert les yeux, je lui ai juste murmuré à l'oreille Je m'en vais. » On ne saura que plus tard les circonstances de cette désertion, qui est tout à la fois à l'origine et au cœur du dispositif romanesque d'Olivia Rosenthal. Pour l'heure, c'est bel et bien de survie qu'il s'agit pour la narratrice, et si l'on ne sait de quel ennemi il convient de se cacher, on est à l'écoute du souffle court et inquiet de celle qui tente de se dissimuler, avec elle on se tait, on se terre, on suffoque, avec ses yeux on voit le paysage fragmenté, une campagne, bientôt l'intérieur d'une maison qui est sans doute moins un abri qu'un traquenard…

C'est non sans émotion – émotion esthétique, notamment, tant l'écriture est d'une grande beauté –, mais sans repère, les bras tendus droit devant soi pour sonder l'opacité inquiétante, qu'on avance dans la lecture de ce roman sans fil narratif, longtemps presque abstrait, trop peut-être, et dont l'enjeu se dessine peu à peu, au fur et à mesure que s'en concrétisent les motifs. Ce Mécanismes de survie en milieu hostile, dixième ouvrage de la très douée et si singulière Olivia Rosenthal, est une méditation âpre, habitée, tout ensemble poétique, documentaire et très crue, sur la mort des êtres chers – « Ils sont une partie de ma vie qui s'en va » –, le vide sans fin que creuse leur absence, et « les stratagèmes qu'on invente pour les éviter ».

Ed. Verticales 192 p., 16,90 €.

Commandez le livre Mécanismes de survie en milieu hostile

Laisser une réponse