Mantra

Ajouter un commentaire

Mantra

22,80 €
24 €

Roman (broché)

Mantra

Rodrigo Fresan

Salué par Roberto Bolaño comme le livre le plus « habile et voyou »
de ces dernières années, Mantra est une sorte d’ode labyrinthique à Mexico, un roman-monstre éclaté où l’âme de la capitale mexicaine est passée au scanner à travers trois récits étrangement assortis, dont un gigantesque atlas de la ville en forme de notices lisibles dans n’importe quel ordre. Des dizaines d’histoires et de personnages se croisent dans ce magma narratif envoûtant et truffé de références artistiques, de Kubrick à Lowry en passant par Kerouac et Juan Rulfo, l’auteur de Pedro Páramo
(le roman mexicain culte par excellence). La richesse de cet ovni est telle que même si on s’y perd, on n’a qu’une envie lorsqu’on arrive au bout : recommencer.
Epok, l’Hebdo de la Fnac.

Extrait du livre :
Martin Mantra disait que toute histoire – même la plus courte et la plus insignifiante – ne peut être bien racontée qu’à condition d’entamer son récit au commencement de tout, sur ce fameux big-bang, ce « il était une fois… » original qui nous inclut tous. Il faut toujours partir du Vide Absolu et le remplir peu à peu, sans se presser, comme on remplit une piscine dans laquelle on ne nagera jamais. Pourtant, quelle joie de voir d’autres personnes y barboter, de la voir surgir des profondeurs pour reprendre sa respiration et retourner sans hâte au fond de ces eaux bleues et chlorées ! C’est une course avec une seule participante et une seule gagnante.
Mais ce n’est pas cette histoire que je vais relater ici. Je n’ai pas assez de temps ni de connaissances. Je commencerai donc par un début plus proche, mais qui me semble tout aussi transcendant.
Je commencerai en disant qu’à l’époque, nous étions différents. Pas pour une question d’âge, de taille ou d’idées, mais parce que ceux qui vivent sur cette planète éphémère de la Nébuleuse de Jamais-Jamais connue sous le nom d’Enfance (la seule patrie possible et, en même temps, un endroit dont les habitants s’éteignent aussitôt, un lieu qui disparaît pour certains afin d’être ensuite peuplé par d’autres arrivant toujours après, comme ces villes aztèques brusquement désertées) demeurent d’étranges animaux, des créatures qui ne restent jamais tranquilles quand on les capture pour les classer dans le bestiaire du moment. Ce sont des êtres complètement différents de ce qu’ils finissent par devenir. Étonnamment durs et forts auparavant – contrairement à ce qu’on a tendance à croire, nous sommes dans notre enfance plus puissants et plus résistants à tout -, ils ne se doutent pas qu’avec le temps, ils vont s’amollir, s’emplir de craintes et se fragiliser. Nous tombons des arbres, dormons par terre, saignons peu, cicatrisons vite, sommes ravis de nous rouler dans notre propre merde, pleurons de rire. Les maladies s’attardent à peine sur nos corps pour boire un cocktail fébrile avant de poursuivre leur chemin. Nous adorons fêter notre anniversaire car ce jour confirme la brièveté de tout ce qui fut et l’infini de tout ce qui sera. Elle est encore si loin, la première nuit où, pour la première fois, nous cessons de songer à l’avenir pour nous réfugier dans une redécouverte imprécise de notre passé. Tant que nous sommes neufs nous ne vieillissons pas : nous grandissons.
Comme des tumeurs.
Comme des Sea Monkeys.

Commandez le livre Mantra

Laisser une réponse