Thomas, le personnage principal de Comment rêvent les morts, le précédent roman de Lydia Millet, était un garçon fasciné par l’argent qui se prenait de passion pour les animaux en voie d’extinction après avoir écrasé un coyote sur la route de Los Angeles. Le revoici, en second couteau, dans Lumières fantômes, roman initiatique ponctué d’humour, de dérapages et de philosophie. Son vrai héros s’appelle Hal, fonctionnaire des impôts, crédule et sans aspérité, qui va découvrir en quelques heures que sa femme le trompe et que sa fille lui ment. Situation convenue que Lydia Millet balaye en décalant sans cesse le point de vue narratif. Quand Hal le modeste apprend que Thomas, le patron de son épouse, a disparu dans la jungle du Belize, il décide d’aller le chercher. Ni aventurier ni idéaliste, sa décision est la réponse la plus virile qu’il trouve à sa crise de la quarantaine… Qu’on ne s’y trompe pas, ce troisième roman de Lydia Millet n’a rien d’une gentille comédie sur le mâle américain en perdition ; il s’agit plutôt d’une quête de soi, dans un monde où tout est dérisoire et programmé. Hal et Thomas détricotent, chacun à sa manière, le destin qu’on leur avait tracé. Confrontés à une situation impensable, ils refusent simplement de continuer. Lumières fantômes poursuit ainsi la réflexion morale et sociale entreprise par Lydia Millet, grande romancière ironique, spirituelle et clairvoyante.
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