Love in vain

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Love in vain

Il a enregistré en tout et pour tout vingt-neuf titres dans les deux années qui précèdent sa mort, en 1938, à 27 ans, et cela a suffi à le propulser post mortem au panthéon du blues. Mais la légende de Robert Johnson s’est nourrie d’une énigme, jour mal élucidée : qui était-il ? On ne connaît de lui que deux photos (plus une possible troisième, qui a fait l’objet d’une quête échevelée…). Si certains épisodes de son parcours sont avérés, des contre-vérités et des témoignages aléatoires ont brouillé les pistes. De ce « biopic » a priori impossible, Mezzo et Jean-­Marie Dupont donnent leur version. Magistrale.

Quand il naît en 1911, le destin de Robert Johnson est tout tracé : c’est celui des siens, qui triment dans les plantations de coton du Mississippi, sans ­espoir d’en sortir. Un drame précoce – la mort de sa femme et de son enfant quand il n’a que 19 ans – aurait été le déclic d’une fuite en avant irréversible. Simple hypothèse. Ce qui est sûr, c’est que, de rencontre de hasard en prestation erratique, il a acquis une réputation de musicien hors pair, l’a confortée de multiples aventures féminines et noyée dans des torrents d’alcool. Sublimée par les fulgurances graphiques en noir et blanc de Mezzo, un hyperréalisme puissant, envoûtant, la reconstitution est comme hantée par le fantôme de ce « génie tourmenté et fugace, maudit, possédé, désespéré et fantas­que » (1) . Elle vibre de ce que les trous noirs d’un récit délibérément ellipti­que laissent à imaginer, et d’abord d’une ­solitude désespérée, si souvent chantée par Robert Johnson, la mort dans l’âme. Tandis que flotte l’évocation d’un sulfureux « pacte avec le diable », qu’il prétendait avoir rencontré un soir, et dont il tenait, disait-il, son don incomparable : c’est l’épicentre de la légende, bien sûr, dont les auteurs tirent, en prime, une fameuse idée de voix off…

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